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La Piste de Sable d’Andréa Camilleri. Une enquête du commissaire Montalbano.

22 mars 2014 par Julien Durand

Une enquête qui débute par la mise à mort d'un cheval, voilà une victime qui est peu commune pour construire une intrigue policière. Après un rêve des plus perturbants, le commissaire Montalbano découvre l'animal mort sur le sable, devant sa maison. Choqué par un tel acte de violence, ce fin limier va poursuivre son investigation, toujours plus loin, pour trouver les coupables et consoler la propriétaire de l'animal, la ravissante Rachèle. Sa piste va le conduire dans l'univers clandestin des courses de chevaux, où parieurs, mafieux et belles amazones se côtoient.

 

Édité chez Fleuve Noir en 2011 pour la traduction française et en 2007 chez Selerio Editero pour la version italienne, ce polar sur fond de décor méditerranéen met en scène le célèbre commissaire Montalbano, personnage phare de l'auteur Andréa Camilleri.

 

Autant le signaler tout de suite, ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Lecture rapide, qui ne demandera pas beaucoup de réflexion pour comprendre l'histoire, c'est un roman de gare auquel nous avons affaire, un roman policier sans prétention aucune. Une œuvre qui épouse tous les clichés du genre, sans complexe, ni contrainte. L'histoire crée peu de rebondissement et la mafia est évidemment de la partie.

Le personnage de Montalbano est l'enquêteur classique, charmeur, d'humeur bougonne avec une pointe d'humour et plein de fougue pour retrouver les coupables et consoler les victimes, le plus souvent des personnages féminins assimilés à des objets de conquête. Et les voyous, eux, appartiennent tous, de près ou de loin, à la mafia sicilienne. Nous sommes donc face à une littérature populaire, qui pourra en déranger certains.

 

Pourtant le commissaire Montalbano n'en est pas à sa première apparition. Le personnage existe depuis dix ans déjà, et on dénombre pas moins de vingt-sept ouvrages, entre romans et nouvelles, qui retracent ses aventures. En Italie, pays d'origine de l'auteur Andrea Camilleri, ses romans sont souvent en tête des ventes et un public, de plus en plus important, attend avec impatience la prochaine sortie. Le succès est tel que la chaîne italienne RAI adapte depuis plusieurs années les livres en téléfilms, où l'acteur Luca Zingaretti incarne le rôle principal. En France, c'est France Télévision qui diffuse les huit saisons que compte déjà l'adaptation.

 

L'engouement est sans doute dû au style particulier que déploie Camilleri. Choisissant un cadre sicilien, ses personnages et le narrateur emploient un langage propre à la région, un italien sicilianisé qui apporte un dépaysement total, mais une difficulté dans les premiers temps de lecture. Et comme le stipule le traducteur en avertissement, aucun patois français ne parviendrait à retranscrire toute la richesse du dialecte qu'utilise l'auteur. Pour les bilingues, lire la version originale est sans doute plus judicieux pour entrevoir toute la profondeur du style de l'auteur.

 

Je n'ai malheureusement pas été convaincu lors de cette lecture, trouvant l'intrigue très classique, peu convaincante et parfois ennuyeuse. Peut-être, aussi, à cause du public visé. Le personnage de Montalbano, que ce soit sa version papier ou audiovisuelle, n'est pas sans rappeler d'autres enquêteurs à la française comme Maigret ou Navarro. D'ailleurs Andréa Camilleri a adapté une version italienne de Maigret et Montalbano préfère revendiquer ses influences auprès du personnage de Georges Simenon, lorsque l'un de ses interlocuteurs le compare à Columbo.

 

Pour ceux qui connaissent déjà l'univers de l'écrivain et suivent le personnage de Montalbano depuis ses débuts, ils parviendront à y trouver leur compte. Tout ce qui a fait le succès des précédents ouvrages est ici réuni. On y retrouve le cadre sicilien, soleil, plage et le charme du héros méditerranéen, qu'on ne quitte pas une seule seconde tout au long du roman, avec ses nombreux repas qui font découvrir la gastronomie sicilienne et ses intrigues amoureuses avec les nombreuses femmes de sa vie, comme avec Livia et ses échanges téléphoniques qui tournent mal. Pour les autres, les néophytes, inutile de commencer par lire les premiers ouvrages, l'enquête se suffit à elle-même, bien qu'il y ait des références à des romans antérieurs. On parvient très vite à se familiariser avec les personnages secondaires et les relations qu'ils nouent avec le commissaire.

 

Un roman, donc qui plaira davantage aux aficionados, connaisseurs de l'univers ou à ceux qui souhaitent combler, une trop longue attente, sans pouvoir s'occuper autrement.

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