top of page

Le Chat qui venait du Ciel d'Hiraide Takashi

8 Octobre 2014 / Par Julien Durand

Le narrateur et sa femme, un couple sans enfant, emménagent dans une ancienne demeure japonaise où un immense et splendide jardin est le lieu d'une visite régulière. Chibi un chaton, qui appartient au voisin va transformer leur quotidien. S'il ne possède pas une intrigue haletante, ce roman se distingue par bien d'autres aspects.

 

Un petit livre qui attire l’œil par son titre intriguant et sa couverture, un magnifique tableau de Georges Manzana-Pissaro. Sans nul doute Le chat qui venait du ciel, édité chez Philippe Picquier en 2004, se démarque au sein des rayonnages de notre libraire préféré.

 

Une fois passé la vision de l'objet lui-même, l’œuvre littéraire surgit dans toute sa splendeur. Par la suite la lecture se fait sans heurt et d'une fluidité déconcertante. On ne regrette pas le peu de temps consacré à la lecture, tant cet ouvrage se lit avec plaisir. La traduction d'Elisabeth Suetsugu est sans faille et capte toute la poésie qui émane d'Hiraide Takashi. Car ce dernier est avant-tout un poète japonais et il nous offre avec Le chat qui venait du ciel son tout premier roman. Un roman en grande partie autobiographique qui par l'apparition de nombreuses digressions dans la narration laisse entrevoir la voix de Takashi, plus que le discours du narrateur. Ainsi les lecteurs qui connaissent déjà ses poèmes, pourront retrouver les périodes d'écriture et de travail, ainsi que ses influences comme Machiavel et Léonard de Vinci.

Toute la poésie de Takashi est ici présente à travers les magnifiques descriptions. Tel un peintre, l'auteur compose ce tableau par touche de couleur où nature et construction humaine sont en parfaite harmonie. Le décor se déploie au fil du récit et on a le sentiment que la nature fleurit à l'intérieur même des habitations sous les pas du chat. Le jardin du narrateur de par sa grande beauté apaise les personnages de l’œuvre ainsi que les lecteurs qui partent à sa découverte tout au long du roman. Les arbres en fleur et les insectes qui peuplent cet univers nous plongent dans la rêverie et le jardin semble être comme l’antichambre du paradis où le chat serait le gardien détenant la clef du passage secret entre ces deux mondes.

 

Le style de l'auteur est à l'image de Chibi, parfois incisif et concis, avec des constructions de phrase en parataxe, puis incitant le lecteur à la réflexion en évoquant des aspects techniques, comme la calligraphie. Mais c'est avant tout un roman où la contemplation est au cœur du temps de lecture. La succession des saisons donnent le rythme du récit et la fin du roman montre l'aspect éphémère de la vie. La beauté et le songe s'effacent pour laisser place à la cruelle réalité.

 

On ressort de cette lecture plus serein, plus léger, à travers laquelle l'auteur nous fait découvrir un lieu unique. Un lieu rempli de grâce, de magie et de poésie. Un instant de partage entre l'homme et la nature, où un petit félin tire la couverture à lui tout seul et nous invite, pour ceux qui en possèdent un, à entrevoir nos compagnons d'un nouvel œil.

bottom of page